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Council for the Development of Social Science Research in Africa

       

       

Séminaire international : La nouvelle vague de démocratisation en Afrique du nord Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Egypte

2-3 mai 2014, Tunis (Tunisie)

Appel à contributions

Peut-on parler de « nouvelle vague démocratique » en Afrique du Nord, si l’on en juge à partir des changements profonds survenus sur la scène politique tunisienne et égyptienne : destitution du sommet de la pyramide, promulgation d’une nouvelle Constitution, changement du personnel politique et de l’élite dirigeante, émergence de la société civile comme acteur principal de la vie nationale, retour aux principes et valeurs universelles de démocratie et de droits de l’homme, émergence du fait féministe avec, en Tunisie particulièrement, l’adoption d’une Constitution comportant notamment un article sur la parité entre hommes et femmes dans toute assemblée élective.

Qu’en est –il en Lybie qui a connu au même moment les soubresauts qui ont délogé Kadhafi : la situation actuelle préfigure-t-elle le chaos qui verrait le pays, si cette hypothèse se confirmait, se déchirer pour se voir divisé et partagé entre les chefs de guerre sur fond tribal et ethnique, ou bien une nouvelle démocratie va renaitre des cendres du « chaos » ?

En Mauritanie les pratiques de l’élection et la confiance aux urnes, ainsi que l’alternance dans la gestion des affaires de la cité, deviennent monnaie courante, sans parler de la liberté de la presse, et la franche critique que les opposants adressent au pouvoir en place ; tout ceci témoigne t -il d’une nouvelle ère démocratique ?

L’Algérie et le Maroc semblent quant à eux suivre un cheminement différent et divergeant à la fois. : en Algérie la décade qui a suivi les soulèvements d’octobre 1988 a été celle du difficile enfantement de la liberté d’organisation, de parole et d’association, tandis qu’au Maroc, les gestations institutionnelles ont prouvé qu’un passage pacifique aux pratiques démocratiques est possible, pour peu que les structures institutionnelles, connues pour leur ancestralité du fait de la nature monarchique du régime, continuent à fonctionner.

Mais d’abord pour comprendre les gestations en cours, définissons le bouleversement structurel qui a été opéré au nom de la Révolution que beaucoup mettent entre guillemets : Comment pourrait-on appeler ce déferlement social qui a inondé les rues si ce n’est une révolution, mais quel acteur a pu inspirer, influencer le cours de ces révolutions à défaut, même si aucune catégorie sociale ni force politique ne peut prétendre aujourd’hui l’avoir dirigé encore moins lui assurer les conditions de la réussite.

Qu’appelle-t-on une révolution ? Une série de manifestations populaires qui finissent par destituer le personnel politique qui dirige un Etat en la personne du chef de l’Etat, supposé être le symbole ultime, surtout en régime présidentiel, fortement centralisé comme c’est le cas de la Tunisie, mais aussi en régime fortement personnalisé comme c’est la cas de l’Egypte sous Moubarak ? Est-ce plutôt l’annonce préalable et la réalisation conséquente à cette annonce de la fin d’un régime politique, supposant ainsi une stratégie et une direction révolutionnaire comme le prône la thèse classique ? Peut- on réserver le terme de révolution à tout changement de régime sur le terrain privilégié de la politique ? Une révolution doit-elle modifier le système politique de fond en comble ou bien pourrait-elle se suffire à ne changer que la tête de la pyramide (présidence) et laisser tout le reste du corps politique sans changement notoire ?

Est-elle plutôt l’amorce d’une modification de type structurel de tout le corps social et pas seulement au niveau de l’instance politique ? Dans ce cas est-on en droit de s’attendre à une modification de classe de la formation sociale tunisienne pour utiliser la terminologie marxiste ? Le modèle de la classe moyenne prédominante, cher aux ténors de la réussite tunisienne durant les décades précédentes, bat-il de l’aile ? Est-on à l’aube d’une structure inédite de classes sociales en Tunisie ?

A-t-on vu dans la révolution tunisienne la victoire des droits de l’homme, longtemps bafoués par un régime qualifié souvent de dictatorial, ou bien s’agit –il tout simplement d’un sursaut moral né d’une profonde indignation de type sentimental, à fondement spécifiquement religieux et moral, si l’on en croit les cris de ralliement des partis politiques religieux subitement redevenus opérationnels en quelques mois seulement après le 14 janvier 2011 en Tunisie et après le 25 du même mois et de la même année en Egypte, faisant émerger ici et là respectivement « Ennahdha » et les Frères Musulmans?

La révolution tunisienne a-t-elle une direction politique, est-ce un mouvement structuré ? Pourrait-on considérer les comités de magistrats, les associations des avocats, les enseignants et fonctionnaires, les militants de la centrale syndicale (UGTT), les militants provenant d’horizons divers de la société civile, comme une direction qui a émergé au gré de la lutte révolutionnaire, dans le feu de l’action quotidienne, sur le terrain immédiat et vivant des rapports de force politiques survenus alors, ou bien ne s‘agit-il que d’un mouvement spontané qui l’apparente plutôt à des types aigus d’émeutes et au meilleur des cas un mouvement insurrectionnel généralisé à la mesure de l’ampleur de l‘indignation accumulée durant des décades ? Si on ne peut pas les considérer comme une direction, que constituent les jeunes dans cette révolution : des masses révolutionnaires, les révoltés conjoncturels, ou bien une tension qui aspire au renouveau devant l’enlisement de la situation sociale tunisienne dans la corruption, les passe-droits, le régionalisme négatif, et l’enrichissement éhonté ?

L’objet du séminaire et de fouiller dans toutes ces problématiques tout en focalisant sur les questions ci-dessous :

Axes du séminaire :

1. Comment peut-on définir l’étape actuelle ? Est-elle porteuse d’un bouleversement structurel ou bien s’agit-il de nouveaux aménagements politiques sur un fonds de reproduction de « l’ancien régime » ?
2. Les profonds changements institutionnels en cours : nouvelles constitutions, (en Tunisie et en Egypte ) ; nouveau profil des institutions étatiques (Libye, Mauritanie, Maroc), nouveau climat politique pluraliste (Algérie), préfigurent-ils un nouveau mode de gouvernance entre « administrateurs » et « administrés » ; est-on à l’aube de la naissance institutionnelle et structurelle du Citoyen en Afrique du Nord ?
3. Les clauses et articles portant sur la parité entre hommes femmes dans les assemblées électives, portant sur la priorité du pouvoir local sur le pouvoir central pour tout ce qui touche les problématiques du développement régional, l’annonce de l’ère de la liberté de la presse et d’association augurent–ils d’un cycle démocratique irréversible ou bien est-il toujours possible que les vieux démons reviennent ?
4. Le paradigme de l’autoritarisme et de la force dans la gestion de la Cité est-il à jamais banni ou bien est on fondé à craindre le retour de l’Armée, des atavismes dictatoriaux et des partis uniques ?
5. Pourrait-on parler d’un nouveau type de gestion des conflits entre acteurs politiques mais aussi entre forces sociales en présence, à la lumière des nouveaux modes consensuels émergents (Dialogue national en Tunisie, Feuille de route et gouvernement de consensus sur fonds de paix sociale) ?
6. Tout l’édifice « démocratique en construction » même s’il est fragile et encore très relatif court-il le risque de la déstabilisation interne et externe via le terrorisme, et le jeu serré des puissances régionales et internationales ?
7. Est-on en droit, à la lumière des évolutions en cours, de parler de « nouvelle vague de démocratisation en Afrique du Nord » ? Quels en sont les éléments constituants ? Esprit consensuel battant en brèche la vielle dichotomie majorité/minorité et qui a caractérisé les modes de gestion des conflits et des débats dans les démocraties classiques ? Nouveau statut accordé au pouvoir de la société civile, concept qui tend à remplacer la notion classique de « pouvoir du peuple » ? D’autres hypothèses et pistes de réflexion nées de la nécessaire relativisation de la notion de démocratie représentative au profit d’une démocratie participative ? Etc.

En résumé, quelle réponse, quel éclairage peut-on apporter à ces questions cruciales qui constituent le fondement des questionnements inscrits dans les sciences sociales des bouleversements structurels qu’ont connu les sociétés d’Afrique du Nord durant ces trois dernières années (2011-2014) et quelles perspectives entrevoir ? Le séminaire aura pour objet de débattre de ces questions qui en constituent les sept axes majeurs.

Date et lieu : 2-3 mai 2014, Tunis (Tunisie).

COORDINATION SCIENTIFIQUE ET D’ORGANISATION (par ordre alphabétique) : Laroussi Amri, Fatima Harrak, Moldi Lahmar, Abdessatar Sahbani, Ebrima Sall

MODALITES D’INSCRIPTION : Trois lignes (grade qualité et institution d’affectation) ; Absract de cinq lignes.

PARTENAIRES : Bibliothèque Nationale de Tunis, Université de Tunis, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, Ecole Doctorale de la FSHS-Tunis, Association Tunisienne de Sociologie.

Envoyez vos contributions aux adresses suivantes : amri.laroussi12@gmail.com avec copie à marie.ndiaye@codesria.sn

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