Communiqué de presse du CIJKAD–NLAS* à l’occasion du Centenaire de la naissance de Joseph Ki-Zerbo
Joseph Ki-Zerbo aurait eu 100 ans ce 21 juin 2022. Nous remercions l’Université fédérale de Rio de Janeiro et l’Université Abomey Calavi de lui avoir consacré un colloque.
A l’occasion du Centenaire de Joseph Ki-Zerbo, nous tenons à rendre hommage aux figures et dynamiques qui participent au même héritage. Nous voulons saluer les Historiens qui ont contribué à l’Histoire générale de l’Afrique et les intellectuels panafricanistes décédés au cours de ces dernières années.
Nous saluons particulièrement la mémoire des historiens Djibril Tamsir Niane, André Salifou et de l’anthropologue Olabiyi Yaï, décédés récemment.
Nous saluons également le retour des reliques de Lumumba en République démocratique du Congo, tout en exigeant la vérité historique, sans laquelle des relations apaisées entre peuples africains et européens, par-delà le traumatisme colonial, demeureront impossibles. Les circonstances de l’assassinat du héros sont partiellement connues et les responsabilités doivent être établies. « Un jour l’Afrique écrira sa propre histoire », cette affirmation de Lumumba reste d’actualité.
Nous saluons les jeunes migrants en quête de dignité, l’action des Diasporas africaines, à la recherche d’une authentique inclusion citoyenne, et notamment l’alternance démocratique en Colombie, marquée par l’élection de Francia Marquez, militante écologiste et féministe afro-colombienne comme Vice-Présidente.
Nous saluons tous les militants de la justice, des droits humains.
Nous saluons le peuple afrobrésilien et ses alliés. A travers le Colloque organisé du 21 au 23 juin à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, la thèse de doctorat de Madame Mariana Gino, Secrétaire générale du CIJKAD-NLAS sur le thème « Joseph Ki-Zerbo : entre foi catholique et militantisme anticolonialiste », et la série de conférences de Lazare Ki-Zerbo, Vice-Président du Centre, il a ravivé les liens noués il y a bien longtemps avec l’historien.
Nous saluons aussi les peuples martyrs du Sahel, confrontés à la violence meurtrière. En décidant de détruire sauvagement la Lybie et son dirigeant, Mouammar Kadhafi en 2011, les dirigeants occidentaux, à travers l’OTAN, ont violé impunément la souveraineté de cet Etat, et donc la Charte des Nations Unies, et humilié l’Union africaine et les peuples africains.
* Centre international Joseph Ki-Zerbo pour l’Afrique et sa Diaspora-N’an laara an sara
Le Mali d’abord, le Burkina Faso ensuite subissent lourdement les conséquences de cette stratégie de la terreur.
Aujourd’hui le prix est payé et il est connu : c’est l’effondrement des Etats fragilisés par l’étau néolibéral, avec pour corollaire des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés dans le Sahel.
Toute cette triste actualité des violences en Afrique aurait interpellé directement le professeur Joseph Ki-Zerbo et les pionniers de sa génération. Ils ne prônaient pas la violence nécessairement mais la responsabilité.
À cet égard, le Centre international Joseph Ki-Zerbo proposera à la communauté scientifique de revenir sur le texte de 1974 intitulé « L’armée et notre avenir », car il est l’écho des aspirations portées par les intellectuels progressistes du CODESRIA, il y a 50 ans, bien formulées par Cabral, et caractérisées par l’analyse des relations entre la force armée, le peuple et la culture dans le cadre d’un processus de libération nationale, seul socle de la souveraineté.
Il faut s’armer à la fois de l’arme de la mémoire et de l’invention créatrice, de la théorie (Cabral), pour que les fusils servent la cause de la libération et non de l’asservissement.
L’éducation, la justice sociale, le fédéralisme, la protection de la Nature, la lutte contre le réchauffement font partie de cette théorie kizerbienne de la libération nationale.
Le Centenaire de la naissance de Joseph Ki-Zerbo sera célébré, à travers plusieurs activités qui vont s’étaler de juin 2021 à juin 2023, notamment à l’occasion d’un symposium co-organisé avec le CODESRIA. Pour célébrer sa vie, et donc les luttes pour la Vie toujours en cours. Car, l’oeuvre de Joseph Ki-Zerbo est tendue vers le droit à la vie, et à la bonne vie.
Comme le proclame la Charte de Kurukan Fuga et la maxime du pays de Barthélémy Boganda, la Centrafrique, « Toute vie vaut une vie, un humain est un humain » : Zo kwe Zo en langue sango.
A Paris et Saint Laurent du Maroni le 22 juillet 2022
Pour le CIJKAD-NLAS
Noël Magloire NDOBA, Président
Lazare KI-ZERBO, Vice-Président
